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Article d'une étudiante EJCM
MOUV'ART : l'art contemporain à l'épreuve de la rue
Du 6 au 10 octobre l'art contemporain envahit les rues de Marseille sur le thème du « rêver la ville ». La 3ème édition de MOUV'ART nous invite à un parcours pluridisciplinaire à ciel ouvert du haut Canebière jusqu'au Vieux-Port, où artistes, passants et habitués des galeries peuvent repenser le rapport à l'espace urbain.
Le Cours Estienne d'Orves, situé à environ 57 pas du Vieux Port semble se réveiller doucement à presque 11H du matin. Des bâches traînent encore sur le sol, des barrières et de longs filaments de Rubalise rouge et blanc, encerclent mollement un campement de containers bleus. La foule n'est pas encore là, et les rideaux noirs des baraquements métalliques se lèvent les uns après les autres. Sans s'en rendre compte la place a fait peau nette et les premiers passants errent d'un box à un autre, de plus en plus nombreux. Le lieu a changé de visage et c'est là l'un des enjeux principaux de l'évènement. Pour Justine Coste, unique salarié de l'association MOUV'ART et co-organisatrice de l'évènement, mettre l'art dans la rue c'est aussi l'occasion de regarder l'architecture alentour -qui ici n'est pas des moindres- de poser la question de l'éphémère et de valoriser le patrimoine urbain.
Rêver la ville
A l'heure où l'Art tend à quitter de plus en plus les espaces clos et se tourne vers une ouverture aux différents publics, la ville est devenue le sujet et le lieu de bien des questionnements. Pour les deux femmes à la tête du projet -Emmanuelle Saint Denis et Justine Coste- Rêver la ville c'est réapprendre à sentir dans l'espace urbain, faire appel à nos cinq sens, rendre visible ce qui est invisible.
Le travail de l'artiste Ekaterina Ustinchenko interroge l'architecture des flux et des réseaux invisibles avec des filets d'oignons et des travaux graphiques. Dans le container voisin, les photographies de Li Linjiao nous ramènent à la poésie des choses insignifiantes ; d'une canette écrasée au bord du port à une plume de pigeon caressant un bitume anodin. Il y a aussi la métrosculpture de Cyril Gauthier et Patox -respectivement architecte et graphiste audiovisuel. Les deux jeunes hommes ont eux exploré la ville au sens propre ; armés d'une caméra ils ont filmé un trajet de métro d'un arrêt à un autre, à Paris et à Marseille, proposant un objet à la fois sociologique et artistique, qu'ils comptent répéter aux quatre coins du monde.
Mixité
Le deuxième enjeu de MOUV ART est celui de la mixité ; celle des publics mais aussi celle des disciplines. Le programme annonce dans les différentes soirées un concert réunissant un peintre, une chanteuse d'opéra et un groupe de rock mais aussi une performance de graffeurs accompagnée par un ensemble de musique baroque. Parce que « là où il y a de la surprise, il y a moins de jugement » se réjouit Justine Coste. Les anecdotes ne manquent pas ; les enfants qui viennent à un atelier de peinture et s'impatientent de voir de l'opéra, le pêcheur qui rentre dans une galerie éphémère à la place du cadre supérieur passionné. Voilà le genre de petit miracle dont s'enorgueillit MOUV'ART. Devant la tour de Mamel, assemblage de seins rose bonbon baignant dans de la crème chantilly de Benjamin Marianne et les petits anges emprisonnés dans de la silicone de Sophie Samana, les réactions sont fortement variées. Des dames âgées adorent alors que d'autres s'en offusquent, de jeunes gens tournent le malaise à la blague un peu pataude, les jeunes filles restent assez pudiques, mais le public interpellé réagit ! A chaque coins un objet, une phrase nous surprennent et nous font voir la ville d'un autre œil.
Un pari réussit pour cette 3ème édition de MOUV ART qui se poursuit jusqu'à dimanche, et organise des manifestations dans divers lieux de la ville. Emmanuelle Saint Denis dans un tourbillon de positivité et de stress, tentant de joindre désespérément le Cours d'un bout à l'autre promet un « MOUV ART qui va faire le tour du monde ! »
Nina GAZANIOL (élève EJCM)
LCM : L'Art contemporain investit les rues de Marseille